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descriptionTerritoires, d'Olivier Norek, Ed. Michel Lafon, octobre 2014 EmptyTerritoires, d'Olivier Norek, Ed. Michel Lafon, octobre 2014

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Marianne : Comment décririez-vous l’intrigue deTerritoires ? 
Olivier Norek : C’est l’histoire du plus gros casse de France. Un casse qui va nécessiter l’action triple de personnalités politiques, de délinquants et de policiers... L’objectif : que la maire de Malceny, Madame Vesperini, obtienne les centaines de milliers d’euros que lui réclament les caïds qui viennent de récupérer le business de la drogue sur son territoire. Et comment trouver cette somme en une après-midi ? En suscitant une émeute urbaine... Vesperini sait qu’une émeute coûte énormément d’argent à l’Etat, qu’elle dégrade l’image de la ville et la crédibilité des gens qui la dirige. Elle sait que tout le monde a intérêt à l’éteindre le plus rapidement possible. Et pour cela, il y a un moyen simple : payer ceux qui sont à l’origine de l’émeute avec ce qu’on appelle un « budget d’urgence ». En gros, on arrive avec des sacs remplis de pognons, on leur donne et on leur dit : « Calmez-vous s’il vous plaît ». Résultat, un jackpot de 5 millions d’euros...
 
Rassurez-nous, c'est de la pure fiction ?
La fausse émeute ? Oui, c’est une idée qui m’est venue un jour où je réflechissais à mon intrigue et au sujet que je voulais aborder, à savoir : quel est le prix de la paix sociale ? Voilà à peu près trente ans qu’on ne fait strictement rien pour nos cités, trente ans qu’elles ont une économie souterraine, que les criminels y sont bien installés, qu’ils sont armés. Et voilà trente ans qu’il ne se passe rien. A la limite, une petite émeute tous les deux ans ? Ce n’est pas possible ! Cela signifie bien qu’on achète la paix sociale. En gros, on laisse tranquille les caïds, on les laisse faire leur business et si l'on a besoin d’eux, on les utilise. On peut même les intégrer au staff municipal…
Avant d’écrire, j’ai soumis cette idée d’émeute montée de toute pièce à des élus ou d’anciens élus. Ils m’ont dit que cela leur paraissait crédible. Ils n’étaient pas du tout étonnés par ce scénario, mais précisons quand même qu’ils m'ont dit que cela n’était jamais arrivé, à leur connaissance. 
 
Avant de vous mettre à l'écriture, vous avez donc mené votre propre enquête ?

Absolument. De la même façon que je cherchais des indics quand je faisais mon boulot de flic, j’ai cherché des politiques pour mon boulot d’écrivain. J’ai appelé un ami qui connaissait quelqu’un qui m’a fait rencontrer un adjoint au maire qui, lui-même, m’a fait rencontrer un maire qui m’a fait rencontrer un ex-maire, etc.
J’ai discuté avec une vingtaine d’élus ou d’anciens responsables du 93, tous bords confondus, à qui je posais une question : « Comment tenez-vous votre ville ? » Et hormis la fausse émeute, tout ce que je relate dans mon livre est véridique.
 
Par exemple ?
Il y a cette histoire des procurations... Un maire, m'a raconté un jour qu'il avait réussi à avoir un relais important avec un gros caïd d'une cité de la ville où il se portait candidat. Lors d'un rendez-vous organisé par un intermédiaire, il lui explique qu’il va être en ballotage, qu’il lui faut des voix et lui demande donc s'il peut inciter les vieux, les jeunes majeurs, les mamans des quartiers à signer des procurations en échange de quoi il lui promet de nombreux cadeaux. Le gars déploie des nuées de petits moineaux de 18 ans qui parviennent à récupérer un millier de procurations, offrant la victoire à l'homme politique. Six ans plus tard, le maire convoque ce même caïd avec qui il s’est mis à travailler et lui demande de faire la même chose en échange de 10 euros par procuration signées. Le caïd relance sa nuée de moineaux et récupère les 1 000 procuration puis il attend. Une heure avant la fermeture des bureaux, le maire appel son contact pour savoir où cela en est. L’autre lui répond qu’il a récupéré les procurations mais que de 10 euros on est passé à 100 euros par document. Le maire est obligé de se plier à sa demande s’il veut être reconduit et il finit par payer... 
Un autre maire m’a dit un jour : « Ma ville commençait à devenir plus calme, les gens ont commencé à s’intéresser à ma politique, à mon programme, c’est là que j’ai eu peur…» Selon son calcul, il était plus intéressant de rester avec 72 % d’abstention plutôt que de voir ses administrés aller aux urnes. Pourquoi ? Parce qu'il est plus facile d’influer sur un scrutin à 12 000 votants que sur un scrutin à 80 000. Il a ajouté : « Mon intérêt à moi, politiquement, c’est de dégoûter les gens de la politique pour qu’ils ne s’y intéressent pas et que je conserve un fort taux d’abstention. » C’est aussi comme ça que raisonne Vesperini...
 
Et votre « héros », le capitaine Coste, travaille en ayant conscience de ces méthodes...
Oui, mais il ne peut pas faire grand-chose. Son équipe a une affaire à résoudre. C’était important pour moi, avec mon expérience, de raconter cet aspect des choses, cette hypocrisie et cette attitude des politiques à l’égard de l’économie souterraine et de la délinquance dans les cités. Vous savez, c’est dur de constater qu’un type qu’on a arrêté une fois, deux fois, trois fois, s’en sort systématiquement et qu’il arrive même, parfois, qu’on le retrouve… en conseil municipal !
Je me suis moi-même retrouvé plusieurs fois à enquêter sur un adjoint au maire qui avait commis une infraction. En consultant son dossier Stic, je découvrais qu’il était connu pour une vingtaine d’infractions. En fin de compte, c’est comme s’il y avait un virus que la ville finit par intégrer dans son écosystème. Elle devient une sorte de malade qui tient comme ça, cahin-caha, mais les problèmes ne sont jamais réglés. C’est juste un mouchoir qu’on met sur nos cités...


Territoires, d'Olivier Norek, Ed. Michel Lafon, octobre 2014 986021-1169328


Territoires, d'Olivier Norek, Ed. Michel Lafon, octobre 2014, 394 p.,18,95 €. 
  

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Je le note dans les éventuels futurs achats mais je ne crois pas que j'apprendrais beaucoup plus que ce que je ne sais déjà.
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